Nous, éditeurs vidéo indépendants, sommes prêts à nous réinventer comme nous le faisons déjà depuis des années, pour faire exister le cinéma d’hier, d’aujourd’hui et de demain en éditions vidéo physique. Cela, nous le répétons, en complément des mille et une autres manières de voir des films.
Parce que les cinéphiles français aiment et chérissent l’édition physique, et y voient un objet de collection qui se possède, qui se garde et qui se transmet, nous concluons avec le beau texte que nous a envoyé le cinéaste Bertrand Tavernier :
« Durant ce moment de confinement, je dois dire que les DVD ont été une aide inappréciable. Se frotter aux grands films, les revoir dans de bonnes conditions, dans des transferts excellents, des copies magnifiquement restaurées produits par de nombreuses sociétés françaises ces dernières années de Gaumont à Carlotta, de Pathé à Doriane Films, Rimini, Coin de Mire, Wild Side, Tamasa, m’a valu des soirées passionnées.
Revoir en Blu-ray des westerns superbes, dans des copies superbes comme L’Attaque de la malle poste, Le Jardin du diable (Sidonis où l’on trouve aussi des policiers rares comme Midi gare centrale), des classiques sous-estimés comme Freud, passions secrètes de John Huston ou Promenade avec l’amour et la mort, faire le point sur l’œuvre essentielle de Pabst (qui connaît Le Procès qu’il tourna en Autriche pour se racheter après avoir rejoint le parti nazi ? C’est un film exceptionnel sur l’antisémitisme qui fleurit partout durant cette épidémie), redécouvrir les films d’André Cayatte, de Henri Decoin, de Christian-Jaque, furent des moments de bonheur au milieu de cette effroyable crise.
D’autant que dans nombre de ces DVD, on trouve des bonus inappréciables (et souvent absents sur le net) comme ces explications d’une psychanalyste décryptant à sa juste valeur le travail de Huston ou toute cette série d’interviews autour du dernier et admirable film de Robert Altman, The Last Show. C’est aussi découvrir les deux fins de Non coupable, des Grandes manœuvres, réapprécier à sa juste valeur Une femme mariée de Godard avec une décapante intervention de Macha Méril. Bref, ces DVD rendent encore plus vivants et nécessaires des films pourtant si vivants. Les personnages coincés du Décaméron de Boccace en profitaient pour faire assaut d’imagination, imitons-les et faisons assaut de culture. Découvrons ou redécouvrons. Le territoire est vaste, l’offre variée, de Bergman à Kurosawa, de Michael Powell (le cinéma anglais est une mine de films de résistance contre une autre forme d’épidémie qu’on appelait le totalitarisme) ou de Comencini à Ozu et à Christian-Jaque. »